La dictée du RotaryFrance et Pays Francophones

Dictées précédentes

La dictée 2016

Elevons la culture.

Moi, architecte de la tour de Babel, j'en bave des ronds de chapeau !

La jalousie effrénée de mes confrères babyloniens, les affres irraisonnées dues à la nouveauté, la trouille des soi-disant astronomes, quant à ses effets pernicieux supposés sur les cimes et les faîtes, la colère du peuple contre les dépenses exorbitantes et le surcoût des travaux, la crainte des dieux...

Que de rebuffades et d'avanies j'ai essuyées! Que de plans hardis ai-je, sous la pression de l'intelligentsia, abandonnés !  A combien d'idées futuristes ai-je dû renoncer !

-------------------------------Fin de la dictée des juniors------------------------------------

Mais enfin la tour grimpe. Dans mille cinq cent vingt et un jours, elle sera inaugurée par notre souverain.

Je suis toutefois troublée par la confusion des langues.

Jamais pyramide assyrienne n'a été bâtie par une main d'œuvre aussi mélangée. Les uns parlent l'akkadien, les autres ânonnent un vocabulaire entendu dans les music-halls phéniciens, dans les hittites parades et dans les panathénées importées par les Grecs. Quelle pétaudière !

Mes oreilles de Mésopotamienne en sont tout écorchées, mon cerveau enchifrené. J'aurais bien aimé, afin que la tour s'élevât jusqu'à l'empyrée adoré, qu'entre-temps un esprit futé inventât la traduction simultanée.

La dictée 2015

Drôle de marché.

Il faisait encore nuit. Quelques chauves-souris effarées voletaient en tous sens, pressentant le brouhaha à venir.

Après que la place du village se fût vidée, le déballage commença : outre les habituels commerçants, marchands des quatre saisons, camelots chargés de bibelots, fanfreluches et autres babioles, un bonimenteur, armé d’un inextinguible bagou(t) se mit à dégoiser ses arguments en termes dithyrambiques, vantant la qualité de ses breloques et de quantité d’objets hétéroclites.

Une femme, qui avait manifestement du mal à réfréner ses envies, tomba dans le panneau des soi-disant soldes pratiqués et quitta les lieux chargée de paquets. La scène était si grotesque que quelques curieux avides de sensations s’agglutinèrent tout autour.

Dans son échoppe, un marchand de marrons attisait avec son soufflet les charbons du fourneau, écoutant avec bonhomie les papotages, les parlottes et les cancans des passants, les ponctuant de son : « hé ! Chauds, chauds, les marrons ! »

Un saltimbanque, pour quelques euros, chantait à tue-tête, et les couacs tonitruants de son accordéon couvraient les fausses notes de sa voix de crécelle.

Du coup, la pluie se mit à tomber, les bâches se plièrent, et c’en fut fini du marché.

La dictée 2014

La ronde des chansons.

 On a tous, un jour ou l’autre, un petit air qui trotte dans la tête et qui colle aux basques…Il est passé par ici, dans cet îlot de verdure où un zeste de jazz a envoûté des badauds ébouriffés par des brises friponnes. On l’a retrouvé là, sur une piste de danse où les fanas des musiques disco et les accros du raï et du rap se sont déhanchés à l’envi. Puis, tiens ! le revoilà, pirouettant d’un baladeur à une radio d’où se sont échappées quelques notes reggae. Enfin, tel un pied de nez, il bondit d’une mansarde dans une venelle, et hop ! repart comme une ritournelle.

Quels que soient le jour et l’heure, partout, on susurre, on murmure, on sifflote, on marmotte, on chantonne, on fredonne….

-------------------------------Fin de la dictée des juniors------------------------------------

Et la chanson va son chemin. Combien d’écoliers, à Caen ou à Sète, se sont fait la voix en ânonnant des comptines ressassées ? Bénis soient les chœurs et les maîtrises qui, avec des sol et des do, ont sauvegardé le vieil art choral ! Merci aux pèlerins et aux troubadours, vêtus de seyants pourpoints, qui se sont produits avec des cithares, des lyres ou des luths devant des mélomanes tout égayés qui en oubliaient le faix des soucis. Et chapeau aux boute-en-train du vingt et unième siècle qui, demain, quelque amateurs qu’ils soient, s’époumoneront à interpréter, lors d’époustouflants karaokés, les tubes des hit-parades : autres temps, autres mœurs !

Alors, vous aussi, chantez des ballades ou des plains-chants, des opéras rock, ou encore l’hymne national, dans ce pays où tout commence et tout finit par des chansons !

-------------------------------Fin de la dictée des séniors------------------------------------

La dictée 2013

Dictée rotarienne.

Les quelque cent à cent cinquante personnes qui se sont risquées à se présenter ce samedi après-midi à cette dictée, quoiqu’il eût pu leur en être des plus pénible de tenter d’en décortiquer les phrases parfois ambiguës (ou ambigües), d’en analyser l’étymologie des mots et de jongler avec les participes passés, méritent des applaudissements.

En effet, à peine les candidats auront-ils décapuchonné leurs outils aux plumes affûtées, que les mots jailliront, comme des fusées, suscitant doutes et interrogations. Et, quelles que soient leurs hésitations, ils mesureront combien de substantifs bizarres et d’épithètes oubliées ils auront écrits dans leur vie.

--------Fin de la partie réservée aux moins de 18 ans (90 mots environ)----------

Nous voilà fin prêts pour décrire la course à Marseille.

Dès potron-minet, ce fut le branle-bas : les candidats, tirant nerveusement sur leurs socquettes, qu’ils tentaient de ramener en vain jusqu’au pli poplité, furent prêts en un clin d’œil et trépignaient sur la ligne de départ.

-------------------------------Fin de la moitié de la dictée------------------------------------

Une kyrielle d’autres pseudo-coureurs, que la date avait interpellés –premier avril, quelle blague !-arrivèrent bizarrement attifés. Ils s’étaient donné le mot pour semer la zizanie.

Pendant ce temps, une foule de badauds s’était rassemblée. Las d’attendre, ils commencèrent à réclamer à cor et à cri le départ de la course, sauf un grand échalas dégingandé, qui s’était mis sur son trente et un pour conter fleurette à sa bergère, petite bonne femme au visage juvénile couvert d’acné rosacée, que les frimas de l’hiver avaient oublié d’effacer.

Enfin, la course fut lancée. Cahin-caha, quelques participants franchirent la ligne d’arrivée; deux ex aequo furent nommés vainqueurs : l’un pour sa performance sportive, l’autre pour son attitude gentiment provocante.

Certains s’étaient bien amusés, les rabat-joie et les pète-sec jurant qu’on ne les y prendrait plus.

Elisabeth Duthoit