Dictée rotarienne.
Les quelque cent à cent cinquante personnes qui se sont risquées à se présenter ce samedi après-midi à cette dictée, quoiqu’il eût pu leur en être des plus pénible de tenter d’en décortiquer les phrases parfois ambiguës (ou ambigües), d’en analyser l’étymologie des mots et de jongler avec les participes passés, méritent des applaudissements.
En effet, à peine les candidats auront-ils décapuchonné leurs outils aux plumes affûtées, que les mots jailliront, comme des fusées, suscitant doutes et interrogations. Et, quelles que soient leurs hésitations, ils mesureront combien de substantifs bizarres et d’épithètes oubliées ils auront écrits dans leur vie.
--------Fin de la partie réservée aux moins de 18 ans (90 mots environ)----------
Nous voilà fin prêts pour décrire la course à Marseille.
Dès potron-minet, ce fut le branle-bas : les candidats, tirant nerveusement sur leurs socquettes, qu’ils tentaient de ramener en vain jusqu’au pli poplité, furent prêts en un clin d’œil et trépignaient sur la ligne de départ.
-------------------------------Fin de la moitié de la dictée------------------------------------
Une kyrielle d’autres pseudo-coureurs, que la date avait interpellés –premier avril, quelle blague !-arrivèrent bizarrement attifés. Ils s’étaient donné le mot pour semer la zizanie.
Pendant ce temps, une foule de badauds s’était rassemblée. Las d’attendre, ils commencèrent à réclamer à cor et à cri le départ de la course, sauf un grand échalas dégingandé, qui s’était mis sur son trente et un pour conter fleurette à sa bergère, petite bonne femme au visage juvénile couvert d’acné rosacée, que les frimas de l’hiver avaient oublié d’effacer.
Enfin, la course fut lancée. Cahin-caha, quelques participants franchirent la ligne d’arrivée; deux ex aequo furent nommés vainqueurs : l’un pour sa performance sportive, l’autre pour son attitude gentiment provocante.
Certains s’étaient bien amusés, les rabat-joie et les pète-sec jurant qu’on ne les y prendrait plus.
Elisabeth Duthoit